Charles-Alexandre Lesueur (1778-1846)« Le Havre a son grand poète, aussi grand qu'il est méconnu, – de la mer. Il n'est pas de plus splendide aventure. Un havrais, à la fin du dix-huitième siècle, fils d'un homme d'initiative […] et bon dessinateur, part comme gabier sur cette corvette Le Géographe qui tente vers les terres australes une invraisemblable aventure, Cuvier, seul ou presque seul, appréciera les résultats de ce coup d'audace. Plus tard, dans un deuxième élan de son imagination, Charles-Alexandre Lesueur partira pour l'Amérique, à la suite d'un géologue philanthrope et, de 1816 à 1837, il y demeurera. « Traverser l'Océan, nous dit-il, fut pour moi, toujours un appât friand. » Son titre ? « Je suis, vous répond-il, naturaliste peintre. »
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Le port de Sydney, par Charles-Alexandre Lesueur (1807) |
Portrait de Charles-Alexandre Lesueur, |
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Les premières biographies de C.-A. Lesueur Jusqu'à la biographie de 1904 par Ernest Hamy, très peu de personnes en France avaient écrit sur Charles-Alexandre Lesueur. Une première notice sur sa carrière scientifique parut de son vivant en 1842, écrite par Henri Deligny, le fils de sa cousine. Ce récit ne contient cependant que peu d'informations précises. En 1858, son neveu par alliance Édouard Quesney participa à la rédaction d'un deuxième article, publié dans le Journal du Havre, donnant quelques détails supplémentaires sur la vie de Lesueur. Toutefois, celui-ci renferme un assez grand nombre de conjectures et, dans l'ensemble, doit être considéré comme peu fiable. Dès 1840, Lesueur avait aussi été inclus dans la liste des zoologues célèbres de l'auteur britannique William Swainson, mais ce dernier ne connaissait pas le savant français personnellement. En revanche, le mémoire de son ami américain George Ord, écrit deux ans et demi après sa mort, est globalement valable, quoique non exempt d'erreurs surtout pour quelques passages concernant l'expédition Baudin et sur le séjour de New Harmony. Cette biographie de vingt-huit pages est devenue une référence en Europe et aux États-Unis, et Hamy s'en est largement inspiré pour écrire son livre. Livres disponibles sur Charles-Alexandre Lesueur |
Le livre d'Ernest HamyEn 1904 parut une première biographie plus complète sur Lesueur, écrite par Ernest Théodore Hamy, président de la Société des Américanistes de Paris. Elle focalise sur la période américaine de 1816 à 1837, mais aborde aussi l'enfance et le décès du naturaliste. Hamy fut le premier à s'appuyer véritablement sur des sources d'archives, tels les manuscrits et albums de croquis de Lesueur. En conséquence, malgré les nombreuses erreurs, Les Voyages du Naturaliste Ch. Alex. Lesueur dans l'Amérique du Nord reste un ouvrage de référence pour toutes les personnes intéressées par l'art et l'œuvre scientifique de Lesueur. La biographie de Hamy a été traduite en anglais dans les années 1960 par Milton Haber, éditée par Hallock F.Raup, et publiée par la Kent State University Press en 1968 sous le titre : The Travels of the Naturalist Charles-A. Lesueur in North America, 1815-1837. La biographie d' Ernest Hamy |
La notice biographique de William SwainsonL'une des premières personnes à écrire une notice biographique sur Charles-Alexandre Lesueur fut le Britannique William Swainson, dans sa Biography of Zoologists (1840). Nous avons mis en ligne le contenu de son article, car il nous éclaire sur la façon dont les contemporains de Lesueur percevaient son talent artistique et son travail scientifique. Lire la notice biographique de William Swainson
Premier article sur Lesueur in FranceEn France, une première notice sur la carrière scientifique de Charles-Alexandre Lesueur parut de son vivant en 1842, écrite par Henri Deligny, le fils de sa cousine, Sophie Félicité Vieillard. Cet article fut publié l'année suivante dans l'Annuaire Normand sous le titre « Notice sur M. Charles Lesueur, Né au Havre, Naturaliste et Peintre d'Histoire Naturelle » (Caen : 1843). Lire la notice biographique d' Henri Deligny |
Le mémoire de George OrdLe 6 avril 1849, George Ord lut son « Memoir of Charles Alexander [sic] Lesueur » devant les membres de la Société Philosophique Américaine. Pour les dix-huit premières pages de sa biographie, Ord s'appuya sur les tomes historiques du Voyage de Découvertes aux Terres Australes où François Péron raconte les moments forts de l'expédition Baudin (1800-1804) dans le Pacifique Sud. Cependant, force est de constater que le récit de Péron est très subjectif, ce dont on se rend vite compte en comparant sa version des faits aux journaux de bord des autres membres de l'équipe scientifique. Qui plus est, les deux volumes ne couvrent que quatre années de la vie de Charles-Alexandre Lesueur et ne nous renseignent pas sur les événements postérieurs à 1804. Par conséquent, quand George Ord s'en servit pour écrire son mémoire de 1849, il ne donna presque aucun détail sur la période 1805-1815, c'est-à-dire celle qui correspond au séjour de Lesueur à Paris. Lire le mémoire de George Ord |
Portrait de George Ord, par John Neagle (1829)
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Maison dans Church Street, New Harmony,
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L'article d'Oursel, Quesney et MarcelÉdouard Quesney, neveu par alliance et héritier de Charles-Alexandre Lesueur, participa à la rédaction d'un article biographique paru dans le Journal du Havre du 21 juillet 1858. Il s'agit d'un témoignage de personnes qui ont bien connu Lesueur pendant les dernières années de sa vie. Par conséquent, les observations sur ses séjours au Havre sont particulièrement intéressantes, mais malheureusement il en va autrement pour sa résidence aux États-Unis d'Amérique. En effet, les auteurs s'inspirent principalement du mémoire de George Ord, seule source américaine à leur disposition en dehors d'éventuelles discussions avec Charles-Alexandre Lesueur lui-même avant sa mort. Ce dernier semble néanmoins avoir peu parlé de ces années mouvementées à Philadelphie et à New Harmony. Par conséquent, l'article de 1858 s'avère plutôt incomplet bien qu'utile. Lire l'article d' Oursel, Quesney and Marcel
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Les carnets de dessins de la Frontière américaine : Eyewitness to UtopiaAprès avoir courageusement défendu la ville de Paris en 1814 et en 1815 - d'abord pour protéger Napoléon, puis pour se débarrasser de lui - Charles-Alexandre Lesueur aspira à un monde meilleur. Un philanthrope et homme d'affaires américain lui en fournit l'opportunité. Impressionné par ses connaissances scientifiques, William Maclure conduisit l'explorateur français aux États-Unis d'Amérique. Il y rencontra les Pères fondateurs et les plus grands esprits de son temps. Les chercheurs américains étaient tous d'accord avec ceci : personne n'en savait plus que Lesueur, l'encyclopédie vivante, l'élève le plus talentueux de Georges Cuvier. Ses contributions à la science étaient révolutionnaires. Puis, soudainement, l'Histoire l'oublia, quand, avec un groupe d'intellectuels, il partit créer une utopie scientifique expérimentale. Abandonné par la plupart de ses amis à la Frontière américaine, il y initia l'exploration géologique et les travaux de découverte systématique. Lisez tout dans : Bauke Ritsert Rinsma, Eyewitness to Utopia: Scientific Conquest and Communal Settlement in C.-A. Lesueur’s Sketches of the Frontier, dessins et esquisses par Charles-Alexandre Lesueur, préface d'Édouard Philippe, Donald E. Pitzer et Ralph G. Schwarz, traduction anglaise par Leslie J. Roberts (Heuqueville, France : Heiligon, 2019). L'honorable Édouard Philippe, Député et Premier Ministre de la France, a déclaré à propos d'Eyewitness to Utopia : « Il est heureux qu'un nouvel ouvrage vienne présenter l'immensité de cette figure havraise. » Le Dr Donald E. Pitzer, directeur émérite du Centre d'études communales de l'Université de Southern Indiana, a écrit : « Par une heureuse coïncidence, un compatriote de Lesueur, Alexis de Tocqueville, effectua son propre voyage d'étude aux États-Unis en 1831-1832, au moment où Lesueur séjourna à New Harmony. Tocqueville articula ses observations pertinentes sur les institutions et pratiques sociales et politiques du pays dans son incisif Démocratie en Amérique, publié en 1835. Lesueur apporta une contribution similaire avec ses croquis incomparables, documentant l'environnement naturel et bâti de l'Amérique, sa faune vivante et ses fossiles, ainsi que la vision utopique de son peuple. Deux siècles plus tard, le livre Eyewitness to Utopia de Ritsert Rinsma présente ce cadeau artistique de Lesueur au Nouveau Monde dans l'analyse la plus complète, élévant cet artiste, scientifique et membre d'une communauté à son propre statut parmi les figures les plus notables de la jeune République. » Le Dr Ralph Grayson Schwarz, président fondateur d'Historic New Harmony, a écrit : « Dans ce livre innovant, Ritsert Rinsma, avec ses connaissances approfondies et ses perceptions aiguës, a réussi avec brio à saisir l'importance de Charles-Alexandre Lesueur, éclairant le contexte de ses carnets de croquis américains si importants. » |
Couverture du livre Eyewitness to Utopia, écrit par Ritsert Rinsma,
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Charles-Alexandre Lesueur, peintre voyageur : un trésor oublié,
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Une opportunité manquée...
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La biographie de Lesueur par Ritsert Rinsma En 1818, le peintre américain Charles Willson Peale, curateur du premier muséum d'histoire naturelle de Philadelphie, écrivit au sujet du portait du naturaliste Charles-Alexandre Lesueur (aujourd'hui dans la bibliothèque de l'Académie des Sciences Naturelles de Philadelphie, appartenant à l'université de Drexel) : « J'ai mis le portrait de Lesueur dans le muséum, celui-ci a peut-être plus de connaissances en histoire naturelle que personne au monde. » Le célèbre ichtyologiste suisse Louis Agassiz considérait les contributions de Lesueur comme « les plus importantes après les siennes », tandis que le zoologiste anglais William Swainson déclara en 1840 : |
Couverture du premier tome de la biographie par Ritsert Rinsma, montrant Market Street, Philadelphie, dessinée par Charles-Alexandre Lesueur |
« Dossier 42 » de la série Charles-Alexandre Lesueur en Amérique du Nord fut le dernier catalogue de Jacqueline Bonnemains, publié peu avant sa retraite en 2005. |
Les catalogues de Jacqueline Bonnemains sur Charles-Alexandre Lesueur en Amérique du Nord Jacqueline Bonnemains, ancien conservateur de la collection Lesueur du Muséum d'Histoire Naturelle du Havre, choisit le dessin d'un arbre sur un rocher (Collection Lesueur n° 40 217), intitulé Vues Pittoresques des États-Unis d'Amérique, pour illustrer la couverture de ses huit catalogues publiés sous le titre Charles-Alexandre Lesueur en Amérique du Nord, 1816-1837. Elle avait également préparé les catalogues des voyages de Lesueur en Australie, en Tasmanie, en Afrique du Sud, en France, en Grande-Bretagne et aux Antilles, qui demeurent non publiés car la série fut interrompue par son successeur après la retraite de Madame Bonnemains en 2005.
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La biographie de Lesueur par Ernest HamyCi-dessous nous avons reproduit et annoté l'introduction de l'ouvrage d'Ernest Théodore Hamy, Les Voyages du naturaliste Ch. Alex. Lesueur dans l'Amérique du Nord (1815-1837) d'après les manuscrits et les oeuvres d'art conservés au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris et au Muséum d'Histoire Naturelle du Havre (1904). Le livre complet peut être téléchargé sur la page « Livres » de ce site web ou en cliquant sur le lien ci-dessus. Les erreurs du texte ont été corrigées à l'aide des ouvrages Alexandre Lesueur (2007) et Eyewitness to Utopia (2019) de Ritsert Rinsma, enseignant-chercheur à l'université de Caen, qui a pu comparer la biographie du Docteur Hamy avec les manuscrits et documents originaux dans les archives. |
Éboulis au cap de la Hève, par Charles-Alexandre Lesueur (c.1840) - Collection Lesueur 32 054, Muséum d'Histoire Naturelle du Havre. Entrée du port du Havre, par Charles-Alexandre Lesueur (1808) - Collection Lesueur 36 026, Muséum d'Histoire Naturelle du Havre. Éboulis et entrée du port de New Haven, par Charles-Alexandre Lesueur (1815) - Collection Lesueur 37 002R, Muséum d'Histoire Naturelle du Havre. Observatoire de Greenwich (Londres), par Charles-Alexandre Lesueur (1815) - Collection Lesueur 37 010R, Muséum d'Histoire Naturelle du Havre. Site mégalithique de Stonehenge (Wiltshire), par Charles-Alexandre Lesueur (1815) - Collection Lesueur 37 011V, Muséum d'Histoire Naturelle du Havre. Site mégalithique de Stonehenge (Wiltshire), par Charles-Alexandre Lesueur (1815) - Collection Lesueur 37 012R, Muséum d'Histoire Naturelle du Havre. Plan du site mégalithique de Stonehenge (Wiltshire), par Charles-Alexandre Lesueur (1815) - Collection Lesueur 37 014R, Muséum d'Histoire Naturelle du Havre. Mine de cobalt près de Redruth (Cornouailles), par Charles-Alexandre Lesueur (1815) - Collection Lesueur 37 021R, Muséum d'Histoire Naturelle du Havre. Maison natale de Sir Humphrey Davy (Penzance), par Charles-Alexandre Lesueur (1815) - Collection Lesueur 37 031R, Muséum d'Histoire Naturelle du Havre. Épave du Delhi à Mount's Bay (Marizon), par Charles-Alexandre Lesueur (1815) - Collection Lesueur 37 032R, Muséum d'Histoire Naturelle du Havre. Phare d'Eddystone à Land's End (Cornouailles), par Charles-Alexandre Lesueur (1815) - Collection Lesueur 37 038R, Muséum d'Histoire Naturelle du Havre. Saint Michael's Mount (Cornouailles), par Charles-Alexandre Lesueur (1815) - Collection Lesueur 37 048, Muséum d'Histoire Naturelle du Havre. Saint Michael's Mount dans la Mount's Bay (Cornouailles), par Charles-Alexandre Lesueur (1815) - Collection Lesueur 37 035R, Muséum d'Histoire Naturelle du Havre. Penzance et Mount's Bay (Cornouailles), par Charles-Alexandre Lesueur (1815) - Collection Lesueur 37 034V, Muséum d'Histoire Naturelle du Havre. Traversée de l'océan Atlantique, par Charles-Alexandre Lesueur (1815) - Collection Lesueur 38 001R, Muséum d'Histoire Naturelle du Havre. Voyageurs sur la Louisia (océan Atlantique), par Charles-Alexandre Lesueur (1815) - Collection Lesueur 38 003, Muséum d'Histoire Naturelle du Havre.
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